Ahh, le bizutage du Doc... laissez-moi vous en parler. Je suis placé pour car à l'instar de Yourgy et Nounours, il y a Whippet et Doc Holliday.
Le Doc est à la base, un maître agréable qui vieille à ce que je puisse soulager mes besoins physiologiques en toute dignité et en tout confort. Un coin du terrain m'est accordé où je peux me perdre dans mes pensées tout en humant la douce odeur d'un cèdre de taille moyenne. Les récompenses sont variées et Doc est disposé à m'apprendre les bonnes manières dans la maison et aussi à l'extérieur. Je frotte mes pattes à l'entrée dans la maison et je m'assoie sagement sur le tapis en attendant un nonos.
Je ne m'aventure donc plus sur toutes les femelles que je croise et je ne mets plus à zigner dans le vide toutes les fois où un spasme érotique nourit mon imagination. Il appert que la castration que j'ai subie, et que mon maître a payée, y est aussi pour quelque chose. Peu longtemps après la convalescence qui suivit cette intervention, question de me refaire une santé, Doc m'apprit à attraper le disque caoutchouté, à sauter dans la piscine et y nager, il coupait aussi mes ongles et brossait mes dents. Quelle belle vie de chien.
Un jour, Doc arriva à la maison alors que le soleil était disparu depuis plusieurs heures déjà. Il semblait fatigué, ses traits tirés et son dos était très rond. Impossible de me souvenir de l'avoir déjà vu de la sorte. Je l'écoutais parler à la douce maîtresse, il racontait des histoires de guerre, de négociation et de stratégies qu'elle même ne semblait comprendre et auxquelles elle ne portait que peu d'attention. Le maître suait à grosses gouttes et tremblait visiblement. Ce n'est pas dans ses habitudes de même que de reléguer ma promenade de la journée aux oubliettes.
C'est à partir de ce moment que notre bonne relation s'est détériorée. Tout commença par un simple délaissage de sur la quantité et la qualité des promenades au parc. Il marchait de plus en plus rapidement, parlait seul et avait de l'air de plus en plus renfrogné. Comme il ne me portait l'attention habituelle, je me mis à libérer mes intestins hors de mon espace attitré. Le terrain en entier devint décoré de mes cadeaux et la gazon jaunissait sous l'effet de ma vessie. Les caresses étaient de plus en plus superficielles et ses séjours dans le nid famillial, de plus en plus sporadiques. Pour regagner sont attention, je me mis à mordiller les jouets de la petite, à faire les cent pas durant la nuit, à déchirer le coussin qui me sert de lit. J'ai même mâchouillé le divan neuf...
Alors commença l'étape des râclées. Voyant mon comportement changer, Doc me foutait une dégelée le soir quand il arrivait. Terminée pour moi la douce promenade dans la pluie ou dans le vent d'automne à accompagner mon maître dans le patelin. Il n'y avait que confrontation entre lui et moi. Allait-t-il me faire passer l'envie de mâchouiller? Moi qui ne voulait qu'attirer son attention et ses bons soins. Il me rossait et il me rossait. Il gueulait toutes sortes d'histoires de gangsters et de centres, de mesonges et de trahisons. Beaucoup de personnes semblent lui casser du sucre sur le dos et il très seul et malheureux. Une nouvelle responsabilité qu'il semble n'avoir pas su bien gérer... Des gens lui en veulent, il a fait foirrer la mise en place d'un gros contrat, des gens vont perdre des sommes...
Depuis les derniers jours, le dépit semble l'avoir gagné. Il ne lève plus la main sur moi, il arrive plus tôt à la maison, il fait même manger la petite. Il parle beaucoup moins de ses plans et ne réfléchit plus pendant des heures devant un carton et des pièces de bois. Ça semble dangereux, je crois qu'il nous prépare une dépression...